Hugo Houle a « mis la table »
Le ciel s’était dégagé lorsque Hugo Houle s’est adressé aux journalistes en bordure de parcours. Il était un peu passé la mi-course et le cycliste d’AG2R La Mondiale venait d’abandonner. Avec le sentiment du devoir accompli.
« Nos trois meilleurs sont encore en course. J’ai mis la table pour eux », a expliqué Houle au moment où le peloton, justement mené par son coéquipier Alexis Vueillermoz (15), passait en trombe derrière.
« C’est un travail d’équipe, a souligné le cycliste de Sainte-Perpétue. C’est pour ça que l’équipe me supporte et est contente de mon travail. C’est une bonne journée pour moi. »
« Ça paraît peut-être un peu bizarre pour les gens de dire qu’on s’arrête à la mi-course, mais c’est tellement un circuit exigeant. On donne le maximum dès le départ. »
— Hugo Houle
Houle tenait un rôle bien précis pour le Grand Prix de Montréal, dont le parcours accidenté convient moins à ses qualités de coureur : couvrir les coups en début d’épreuve. Avec les trombes d’eau qui tombaient, tout le monde voulait faire partie de cette première échappée, avec l’espoir d’éviter les possibles chutes, les freinages brusques et les relances usantes.
Pendant les 60 premiers kilomètres, Houle s’est joint à quatre ou cinq groupes, chaque fois repris. « À plusieurs reprises, je pensais que ça allait être bon, mais la course a été tellement intense, chaque fois, ça revenait. »
Le médaillé d’or au contre-la-montre des Jeux panaméricains était un peu esseulé lorsqu’un train d’une vingtaine de coureurs, comprenant des costauds comme Van Avermaet, Slagter et Ulissi, a pris le large.
« J’hésitais, je calculais mes affaires… et ça y est, a repris Houle. C’est une . Ce n’était pas évident à gérer parce que beaucoup de gros groupes sortaient. Ç’a donné tout un spectacle. On peut voir qu’il n’en reste plus beaucoup en course. »
Non représentée à l’avant, la formation AG2R a dû mettre les bouchées doubles pour revenir. Au bout du compte, Jan Bakelants et Romain Bardet ont bien failli jouer la victoire, basculant dans le petit groupe de chasse derrière Tim Wellens et Adam Yates dans la dernière montée de Camilien-Houde. Ils n’ont jamais été en mesure de recoller, Bakelants finissant quatrième et Bardet, septième.
« On avait beau être deux de l’équipe, moi, je n’avais plus beaucoup d’essence, a admis ce dernier. Ç’a été un peu au courage. »
Sans regret, Bardet s’est régalé dans ces conditions exécrables. « J’ai pris beaucoup de plaisir dans tout ça, a conclu le vainqueur d’étape au Tour de France. C’est beau, des courses comme ça, quand ça ne se relève pas de la journée. Là, c’est une course d’homme à homme. J’ai vraiment pris beaucoup de plaisir. »